En juin dernier, j’allais partir d’Orléans pour rejoindre Bordeaux en une semaine, mais la météo ayant décidé d’organiser sa première grosse canicule de l’année, j’ai écourté la première étape en partant de Vierzon.
La première étape n’a donc fait qu’une petite trentaine de kilomètres, déjà bien chauds, et j’ai passé l’après-midi à regarder le thermomètre monter sous les arbres du camping de Vatan. Il est monté à 37-38°C à l’ombre et n’est redescendu que tard dans la nuit. C’était décidément plus sage de ne pas trop rouler ce jour-là.
Le 2ème jour, je me suis levé très tôt, avant le lever du soleil et alors que les orages grondaient encore dans le lointain. J’ai traversé Bouges-le-Château alors qu’un vide-grenier se mettait à peine en place. Puis la jolie bourgade de Levroux sous un soleil encore bas mais déjà chaud.
Le Berry a progressivement laissé place à la Brenne, plus boisée et couverte d’étangs avant de descendre brusquement dans la vallée de la Creuse à St-Gaultier. De là, une courte voie verte m’a mené à Argenton-sur-Creuse. Les maisons à pan de bois suspendues au dessus de la rivière sont la carte-postale de la ville, certaines un peu délabrées mais formant un ensemble très esthétique. Je ne connaissais jusque là d’Argenton que sa gare sur le trajet des intercités d’Austerlitz à Brive ou Toulouse.
D’ici la vallée de la Creuse devient plus encaissée et toute en méandres boisés. C’est la vallée des peintres qui commence. Il y a d’abord un petit morceau de voie verte qui monte doucement jusqu’au Menoux. Peu indiquée il s’y trouve une église qui ne paye pas de mine d’extérieur, mais dont l’intérieur peint en couleurs vives vaut le détour.
L’après-midi était à nouveau très chaude et les abords un peu plus escarpés de la Creuse m’ont bien fait transpirer. Mais les paysages étaient à la hauteur des efforts demandés. Les peintres ne s’y sont pas trompés en venant dans les environs. George Sand a également vécu dans le minuscule village de Gargilesse.
Aux confins des départements de l’Indre et de la Creuse, se dresse le plus joli village de tous et une ruine romantique de forteresse : Crozant. C’est là que j’ai fait étape. Malgré la petite taille du bourg, on y trouve une supérette qui a le bon goût d’ouvrir le dimanche après-midi et un petit camping municipal. C’est le cœur de cette vallée des peintres et celui qui a donné son nom à l’école de peinture paysagère : l’Ecole de Crozant.
Écrasé de chaleur la journée, battu par de violents orages la nuit ! L’alerte orange prévoyait de la grêle, il n’est finalement rien tombé sur le campement et les grondements sont une nouvelle fois restés lointains. Le ciel est toutefois resté bien encombré toute la matinée alors que je continuais de remonter la Creuse.
Remonter la rivière est une façon trompeuse de présenter mon itinéraire, tant la rivière était difficile à suivre. Il fallait sans cesse descendre sur ses rives puis remonter sur le plateau et c’est une des journées où j’ai fait le plus de dénivelé.
En tout cas la circulation routière en Creuse était des plus tranquille. J’ai laissé Guéret de côté pour rester au plus près de la rivière et passer sous le viaduc de Busseau, un beau viaduc ferroviaire métallique comme il en existe pas mal dans le massif central. Celui-là voit encore passer des trains heureusement, et à l’avenir il devrait voir circuler le Lyon-Bordeaux de Railcoop.
J’ai déjeuné à Moutier-d’Ahun entre le pont roman et l’abbaye romane. avant de faire quelques courses à Ahun, le plus gros bourg que j’ai traversé ce jour-là.
Délaissant la vallée de la Creuse, j’ai obliqué vers le sud-ouest pour monter voir l’église de Sous-Parsat, deuxième église à l’intérieur couvert de peintures contemporaines des environs après le Menoux. Là aussi, la simplicité de l’extérieur ne laisse rien paraitre de l’explosion de couleurs à l’intérieur. Les fresques datent des années 1986-1989 et sont l’œuvre d’un artiste et professeur d’arts plastiques local, Gabriel Chabrat.
Surprise de la fin d’après-midi, le petit camping municipal de St-Hilaire-le-Château où je comptais faire étape, semble avoir fermé récemment. Je me suis vu contraint de continuer beaucoup plus loin, et aussi plus haut sur le plateau de Millevaches, pour atteindre le lac de Vassivière qui est bordé de plusieurs autres campings. Au passage j’y ai gagné une belle possibilité de baignade dans un décor très canadien.
Au matin, des nuées de midges étaient levées en même temps que moi, n’ayant absolument rien prévu pour cette éventualité, j’ai eu les jambes littéralement dévorées en quelques minutes avant le départ. Rien toutefois qui ne gâche vraiment le plaisir de rouler tôt dans la fraicheur des forêts et pâturages d’altitude (entre 600 et 800m) du plateau de Millevaches.
Après une longue descente, j’ai progressivement rejoint le cours de la Vézère, rivière qui allait me guider pendant les 2 jours à venir. Mais comme pour la Creuse, elle n’est pas facile à suivre sans dénivelé. Je l’ai traversée une première fois à Uzerche, puis à Vigeois (lieu de pique-nique idyllique), et enfin au Saillant, après une deuxième grande descente. Au Saillant, je n’étais déjà plus qu’à une centaine de mètres d’altitude.
J’ai dormi à l’hôtel à l’entrée de Brive. Je ne suis même pas allé en ville. J’étais juste content d’éviter les orages, la journée ayant été très lourde.
Le lendemain, la météo était à nouveau plus ensoleillée et toujours très chaude dès tôt le matin. Mais il ne restait plus beaucoup de dénivelé au programme. La Vézère restait mon guide de village en village au fil de l’eau.
Montignac-Lascaux ou les Eyzies étaient bien évidemment très touristiques mais les petites routes des environs ne connaissaient pas un gros trafic pour autant. Les corniches qui surplombent les larges méandres de la Dordogne, connus sous les noms des cingles de Limeuil et de Trémolat ouvrent de belles vues sur la vallée. Et à partir de Lalinde, une voie verte est aménagée le long d’un ancien canal.
J’ai fait étape chez des amis et leurs chats près de Bergerac, profitant de quelques conseils sur ma route du lendemain pour repartir en direction de Bordeaux.
La journée a été ponctuée de 2 violents orages qui n’ont pas duré plus de 30min chacun. Je me suis fait surprendre par le premier, mais je me suis abrité à temps pour le deuxième. Je n’ai pas autant profité que je l’aurais souhaité des jolis bastides de la journée, notamment Issigeac et Eymet. Mais je me suis rattrapé à l’arrivée en flânant à Sauveterre-de-Guyenne. J’ai dormi en demi pension dans un petit hôtel bien placé pour aborder la piste cyclable Roger Lapébie le lendemain.
La dernière étape de ce Vierzon-Bordeaux était des plus facile, une piste cyclable tout le long et une distance assez courte. Le paysage était plutôt fermé dans un rideau d’arbre mais c’était reposant de ne pas hésiter sur la route à suivre. Par chance, le petit orage de la matinée m’a surpris alors que j’étais dans le seul tunnel du tronçon, où j’ai pu attendre qu’il passe sans me faire mouiller.
Arrivé à Bordeaux, j’ai longé les 2 rives de la Garonne à l’eau très brune avant d’aller poser mes affaires et mon vélo à l’hôtel.
J’ai continué ma visite de la ville à pied, profitant du vaste centre historique plutôt piéton. Je suis tombé pendant une fête du vin qui privatisait les berges et les rendait plutôt inaccessible mais en contrepartie j’ai pu voir un joli feu d’artifice tiré d’une barge au milieu de la Garonne en fin de soirée.
Le lendemain, mon dernier jour à Bordeaux, a été par contre très pluvieux. Je me suis plutôt réfugié dans les musées de la ville. D’abord au CAPC, musée d’art contemporain :
Puis au musée des Beaux-Arts où se tenait une exposition sur Rosa Bonheur :
Et enfin à la Méca qui abrite le FRAC Nouvelle Aquitaine avec une exposition sur Nina Childress, qu’il était très intéressant de parcourir avec une guide :
Voilà pour cette petite escapade d’une semaine, sportive et culturelle.