Vierzon – Bordeaux

En juin dernier, j’allais partir d’Orléans pour rejoindre Bordeaux en une semaine, mais la météo ayant décidé d’organiser sa première grosse canicule de l’année, j’ai écourté la première étape en partant de Vierzon.

La première étape n’a donc fait qu’une petite trentaine de kilomètres, déjà bien chauds, et j’ai passé l’après-midi à regarder le thermomètre monter sous les arbres du camping de Vatan. Il est monté à 37-38°C à l’ombre et n’est redescendu que tard dans la nuit. C’était décidément plus sage de ne pas trop rouler ce jour-là.

Le 2ème jour, je me suis levé très tôt, avant le lever du soleil et alors que les orages grondaient encore dans le lointain. J’ai traversé Bouges-le-Château alors qu’un vide-grenier se mettait à peine en place. Puis la jolie bourgade de Levroux sous un soleil encore bas mais déjà chaud.

Le Berry a progressivement laissé place à la Brenne, plus boisée et couverte d’étangs avant de descendre brusquement dans la vallée de la Creuse à St-Gaultier. De là, une courte voie verte m’a mené à Argenton-sur-Creuse. Les maisons à pan de bois suspendues au dessus de la rivière sont la carte-postale de la ville, certaines un peu délabrées mais formant un ensemble très esthétique. Je ne connaissais jusque là d’Argenton que sa gare sur le trajet des intercités d’Austerlitz à Brive ou Toulouse.

D’ici la vallée de la Creuse devient plus encaissée et toute en méandres boisés. C’est la vallée des peintres qui commence. Il y a d’abord un petit morceau de voie verte qui monte doucement jusqu’au Menoux. Peu indiquée il s’y trouve une église qui ne paye pas de mine d’extérieur, mais dont l’intérieur peint en couleurs vives vaut le détour.

L’après-midi était à nouveau très chaude et les abords un peu plus escarpés de la Creuse m’ont bien fait transpirer. Mais les paysages étaient à la hauteur des efforts demandés. Les peintres ne s’y sont pas trompés en venant dans les environs. George Sand a également vécu dans le minuscule village de Gargilesse.

Aux confins des départements de l’Indre et de la Creuse, se dresse le plus joli village de tous et une ruine romantique de forteresse : Crozant. C’est là que j’ai fait étape. Malgré la petite taille du bourg, on y trouve une supérette qui a le bon goût d’ouvrir le dimanche après-midi et un petit camping municipal. C’est le cœur de cette vallée des peintres et celui qui a donné son nom à l’école de peinture paysagère : l’Ecole de Crozant.

Écrasé de chaleur la journée, battu par de violents orages la nuit ! L’alerte orange prévoyait de la grêle, il n’est finalement rien tombé sur le campement et les grondements sont une nouvelle fois restés lointains. Le ciel est toutefois resté bien encombré toute la matinée alors que je continuais de remonter la Creuse.

Remonter la rivière est une façon trompeuse de présenter mon itinéraire, tant la rivière était difficile à suivre. Il fallait sans cesse descendre sur ses rives puis remonter sur le plateau et c’est une des journées où j’ai fait le plus de dénivelé.

En tout cas la circulation routière en Creuse était des plus tranquille. J’ai laissé Guéret de côté pour rester au plus près de la rivière et passer sous le viaduc de Busseau, un beau viaduc ferroviaire métallique comme il en existe pas mal dans le massif central. Celui-là voit encore passer des trains heureusement, et à l’avenir il devrait voir circuler le Lyon-Bordeaux de Railcoop.

J’ai déjeuné à Moutier-d’Ahun entre le pont roman et l’abbaye romane. avant de faire quelques courses à Ahun, le plus gros bourg que j’ai traversé ce jour-là.

Délaissant la vallée de la Creuse, j’ai obliqué vers le sud-ouest pour monter voir l’église de Sous-Parsat, deuxième église à l’intérieur couvert de peintures contemporaines des environs après le Menoux. Là aussi, la simplicité de l’extérieur ne laisse rien paraitre de l’explosion de couleurs à l’intérieur. Les fresques datent des années 1986-1989 et sont l’œuvre d’un artiste et professeur d’arts plastiques local, Gabriel Chabrat.

Surprise de la fin d’après-midi, le petit camping municipal de St-Hilaire-le-Château où je comptais faire étape, semble avoir fermé récemment. Je me suis vu contraint de continuer beaucoup plus loin, et aussi plus haut sur le plateau de Millevaches, pour atteindre le lac de Vassivière qui est bordé de plusieurs autres campings. Au passage j’y ai gagné une belle possibilité de baignade dans un décor très canadien.

Au matin, des nuées de midges étaient levées en même temps que moi, n’ayant absolument rien prévu pour cette éventualité, j’ai eu les jambes littéralement dévorées en quelques minutes avant le départ. Rien toutefois qui ne gâche vraiment le plaisir de rouler tôt dans la fraicheur des forêts et pâturages d’altitude (entre 600 et 800m) du plateau de Millevaches.

Après une longue descente, j’ai progressivement rejoint le cours de la Vézère, rivière qui allait me guider pendant les 2 jours à venir. Mais comme pour la Creuse, elle n’est pas facile à suivre sans dénivelé. Je l’ai traversée une première fois à Uzerche, puis à Vigeois (lieu de pique-nique idyllique), et enfin au Saillant, après une deuxième grande descente. Au Saillant, je n’étais déjà plus qu’à une centaine de mètres d’altitude.

J’ai dormi à l’hôtel à l’entrée de Brive. Je ne suis même pas allé en ville. J’étais juste content d’éviter les orages, la journée ayant été très lourde.

Le lendemain, la météo était à nouveau plus ensoleillée et toujours très chaude dès tôt le matin. Mais il ne restait plus beaucoup de dénivelé au programme. La Vézère restait mon guide de village en village au fil de l’eau.

Montignac-Lascaux ou les Eyzies étaient bien évidemment très touristiques mais les petites routes des environs ne connaissaient pas un gros trafic pour autant. Les corniches qui surplombent les larges méandres de la Dordogne, connus sous les noms des cingles de Limeuil et de Trémolat ouvrent de belles vues sur la vallée. Et à partir de Lalinde, une voie verte est aménagée le long d’un ancien canal.

J’ai fait étape chez des amis et leurs chats près de Bergerac, profitant de quelques conseils sur ma route du lendemain pour repartir en direction de Bordeaux.

La journée a été ponctuée de 2 violents orages qui n’ont pas duré plus de 30min chacun. Je me suis fait surprendre par le premier, mais je me suis abrité à temps pour le deuxième. Je n’ai pas autant profité que je l’aurais souhaité des jolis bastides de la journée, notamment Issigeac et Eymet. Mais je me suis rattrapé à l’arrivée en flânant à Sauveterre-de-Guyenne. J’ai dormi en demi pension dans un petit hôtel bien placé pour aborder la piste cyclable Roger Lapébie le lendemain.

La dernière étape de ce Vierzon-Bordeaux était des plus facile, une piste cyclable tout le long et une distance assez courte. Le paysage était plutôt fermé dans un rideau d’arbre mais c’était reposant de ne pas hésiter sur la route à suivre. Par chance, le petit orage de la matinée m’a surpris alors que j’étais dans le seul tunnel du tronçon, où j’ai pu attendre qu’il passe sans me faire mouiller.

Arrivé à Bordeaux, j’ai longé les 2 rives de la Garonne à l’eau très brune avant d’aller poser mes affaires et mon vélo à l’hôtel.

J’ai continué ma visite de la ville à pied, profitant du vaste centre historique plutôt piéton. Je suis tombé pendant une fête du vin qui privatisait les berges et les rendait plutôt inaccessible mais en contrepartie j’ai pu voir un joli feu d’artifice tiré d’une barge au milieu de la Garonne en fin de soirée.

Le lendemain, mon dernier jour à Bordeaux, a été par contre très pluvieux. Je me suis plutôt réfugié dans les musées de la ville. D’abord au CAPC, musée d’art contemporain :

Puis au musée des Beaux-Arts où se tenait une exposition sur Rosa Bonheur :

Et enfin à la Méca qui abrite le FRAC Nouvelle Aquitaine avec une exposition sur Nina Childress, qu’il était très intéressant de parcourir avec une guide :

Voilà pour cette petite escapade d’une semaine, sportive et culturelle.

La ViaRhôna au début du printemps

Pour descendre la vallée du Rhône à vélo, on peut partir de sa source en Suisse, du lac Léman ou bien d’où on veut. Pour notre part nous sommes partis des environs de Bourg-en-Bresse, juste parce que deux des participants habitent par là.

C’était en avril dernier, les campings le long de l’itinéraire avaient à peine rouvert et les températures étaient douces : la saison idéale pour un petit voyage à vélo d’une dizaine de jours.

La première étape a servi de jonction pour rallier la Bresse et la vallée du Rhône à Lagnieu. Une étape plutôt doucement vallonnée, alternant forêts et bocage jusqu’à frôler le relief du Bugey avant de traverser le Rhône. Sur l’autre rive, le balisage ViaRhôna et les aménagements commencent.

Les nuits étaient fraiches mais nous étions bien équipés. Le deuxième jour nous avons rejoint Lyon par un itinéraire plus périurbain et parfois mal fléché. L’étape était plutôt courte et nous avons fait quelques détours en ville, notamment pour emprunter le tunnel mode doux de Croix Rousse.

Après une soirée en ville avec des membres lyonnais de la famille et une nuit réparatrice à l’hôtel, nous avons attaqué la plus longue partie non-aménagée de la ViaRhôna, le tronçon de Lyon à Givors. Nous sommes restés rive droite sur la départementale et le trafic n’a pas été si terrible que ça. Mais c’est vrai que c’était un soulagement de retrouver des voies séparées et du balisage au sud de Givors.

A Vienne, nous sommes montés jusqu’au belvédère du Mont Pipet, c’est même là que nous avons pique-niqué, devant une vue sublime, embrassant toute la vieille ville, la courbe du fleuve et le massif du Pilat en arrière-plan.

Le Rhône est dans une vallée plutôt encaissée en aval de Vienne avec des vergers au fond et des vignes qui grimpent sur les flancs abrupte à partir de Condrieu. La vallée s’élargit à nouveau assez vite et laisse la place à une centrale nucléaire sur la rive d’en face, la deuxième du parcours après celle du Bugey.

Nous avons fait étape au camping à St-Pierre-de-Bœuf, par chance c’était le soir des pizzas.

La quatrième étape nous a fait découvrir de jolis ponts suspendus entre les rives drômoise et ardéchoise avant de nous faire pénétrer dans le défilé de St-Vallier.

Cette jolie portion encaissée du cours du Rhône s’est achevée à Tournon-sur-Rhône face aux vignobles de Tain-l’Hermitage. Nous y avons écumé la boutique de la chocolaterie ValRhôna avant de filer à Valence chez Bruno et Marianne du Vélogîte où j’étais déjà passé il y a 3 ans et demi. Nous y avons été reçus en amis de longue date autour d’un bon repas de crêpes.

Au matin, Bruno et Marianne nous ont accompagné quelques kilomètres dans la sortie de Valence, nous faisant découvrir un joli parc, les nouvelles berges du Rhône piétonnes, du street art et des ragondins.

Nous sommes passés dans quelques beaux villages ardéchois comme Beauchastel et Rochemaure et avons traversé 4 fois le Rhône dans la journée en plus de la Drôme.

Nous avons passé la nuit dans un camping aux portes de Montélimar et pris le petit-déjeuner sur les allées provençales de la ville le lendemain matin. Nous avons fait un petit détour dans les ruelles médiévales de Viviers, cité qui a donné son nom à la province du Vivarais qui correspond à l’Ardèche actuelle.

Le Rhône emprunte ensuite un court défilé avant d’être dévié pour moitié dans le canal de Donzère et d’arroser les villes de Bourg-Saint-Andéol et de Pont-St-Esprit. La ViaRhôna serpente essentiellement sur l’île formée entre le Rhône et le canal, très plate et avec un bon mistral dans le dos on file.

Nous avons posé nos sacoches pour deux nuits dans un petit hôtel du centre-ville d’Orange pour prendre le temps de visiter la cité et ses environs. Après 6 jours de voyage, nous avons fait les deux tiers du parcours.

La ville d’Orange étant assez petite, nous avons vite fait le tour de ses spectaculaires monuments romains et nous avons enfourché nos vélos pour quelques kilomètres avec le Ventoux en toile de fond pour visiter l’Harmas de Fabre, un site méconnu du Muséum National d’Histoire Naturelle.

C’est à Sérignan-du-Comtat que l’entomologiste Jean-Henri Fabre s’est installé pour étudier les plantes et les insectes. L’Harmas, pour « terre en friche » en provençal, est propriété du Muséum depuis longtemps mais n’a ouvert ses portes qu’assez récemment en 2006. C’est un très beau jardin botanique et entomologique, une petite plongée dans le cabinet de travail de Fabre doublé d’un espace pédagogique plus moderne.

Après cette journée de visite, nous avons repris la route en direction du sud. A peine quelques kilomètres après la sortie de la ville, une route barrée nous a fait nous perdre dans les collines pierreuses, le maquis et les vignes de Châteauneuf-du-Pape.

Après Châteauneuf, nous avons progressivement rejoins la banlieue d’Avignon pour une longue portion urbaine de trajet. Une fois à l’intérieur des remparts de la cité des papes, les foules de touristes étaient quand même plus agréable que le trafic des faubourgs. Nous sommes montés pique-niquer sur la colline au dessus du palais.

Après Avignon, nous avons trouvé la route un peu longue sur une piste en contrebas de la digue du Rhône qui ne permettait pas de voir le fleuve. Nous avons toutefois terminé la journée sur une jolie voie verte entre Montfrin et Beaucaire. Nous avons fait étape à Tarascon, qui cache un centre ancien très étendu mais un peu endormi derrière son château fort.

Le lendemain nous avons fait un détour dans les Alpilles. C’était la seule étape avec du relief de tout le parcours, la ViaRhôna est sinon presque d’une platitude absolue. Nous sommes passés par un petit col et une table d’orientation au dessus des Baux-de-Provence.

Nous avons ensuite filé vers Arles et son riche patrimoine.

A partir d’Arles, nous sommes vraiment entrés en Camargue. L’eau s’est faite plus omniprésente autour de nous. Nous avons campé à Saint-Gilles, une étape sur les chemins de St-Jacques comme en témoigne l’énorme abbatiale qui domine le village.

La dernière grande étape était la plus camarguaise, dans les marais au milieu des oiseaux, des chevaux et des taureaux. En milieu de journée nous avons pique-niqué à Aigues-Mortes, devant les remparts et face aux Salins du Midi.

A partir de là, le rivage bétonné du Languedoc a commencé. Nous avons traversé les stations balnéaires les unes après les autres en suivant tant bien que mal un itinéraire un peu lacunaire, notamment à Carnon. Des averses menaçantes sont passées sans trop nous arroser, c’est la seule fois du voyage où nous avons enfilé les vêtements de pluie.

Après une dernière nuit à Palavas, nous avons rallié le centre de Montpellier le long du Lez, face à un fort vent. Nos 4 vélos ont tenu sans problème dans le TGV qui nous a ramené à Lyon, avec les félicitation des contrôleuses pour un rangement si compact. L’habitude de mettre nos vélos dans le train sans doute.

En résumé, de Bourg-en-Bresse à Montpellier, il nous a fallu 9 étapes + une petite jonction et une journée de repos à Orange. Nous avons à peu près longé l’itinéraire balisé de la ViaRhôna sauf lors de la première étape avant de rejoindre le Rhône, dans les environs d’Orange qui est à l’écart de l’itinéraire et pour faire un détour dans les Alpilles aux Baux-de-Provence.

L’itinéraire est facile, quasiment plat, et dans ce sens il semble assez souvent vent dans le dos. En cette saison les températures étaient très agréables y compris pour camper. En été par contre, certains passages en plein cagnard doivent être plus difficiles.

Francfort

Fin octobre 2021, nous avons passé quelques jours à Francfort-sur-le-Main. Le trajet en train était sans correspondance et a duré un peu moins de 4h à l’aller comme au retour.

Le quartier de la gare centrale est sans doute le quartier le moins attrayant de la ville. Il n’est qu’un point de passage obligatoire et souvent en souterrain car la ville est dotée d’un réseau de transport exceptionnel. Nous avons presque toujours eu l’impression de voyager en heure creuse tellement il est efficace. Les tickets à la journée sont très rentables.

Nous sommes allé en premier voir le quartier d’affaire et l’emblématique sculpture de l’Euro qui sert à illustrer tout article ou journal télévisé dès qu’il parle de politique monétaire. Autour d’un jardin qui a pris la place des anciennes fortifications, les gratte-ciel se serrent les uns contre les autres et donnent à Francfort sa skyline caractéristique que nous auront l’occasion de voir de bien des points de vue.

Loin des autres tours du quartier d’affaire, et surtout des sièges des grandes banques, à l’Est de la ville, se trouve le siège de la Banque Centrale Européenne. L’immeuble est plus récent, plus massif et isolé dans un grand espace vert au bord du Main.

Entre les deux quartiers, le centre ville historique compte quelques maisons médiévales et renaissances, en grande partie reconstruites au XXème siècle. Il n’y a guère que la place du Römerberg, l’hôtel de ville, qui est parvenue à reproduire un cachet ancien.

Si Francfort ne brille pas particulièrement par sa richesse en monuments historiques, elle peut par contre s’enorgueillir de ses musées. Il y en a beaucoup et pour tous les goûts. Le Museums Ufer Ticket donne un accès à quelques 37 musées – excusez du peu – pendant 2 jours consécutifs. Nous avons visité une exposition excellente sur l’artiste allemande Paula Modersohn-Becker à la Schirn Kunsthalle et fait une incursion au musée d’art contemporain dès le premier jour.

Le lendemain, nous avons utilisé métro et bus pour nous rendre dans la banlieue de Francfort et grimper la petite colline du Lohrberg. Quelques vignes y sont adossées et le point de vue sur la skyline est magnifique. Il y a des vignes mais le vin n’est pas vraiment la spécialité du coin. On boit évidemment de la bière et surout de l’Apfelwein, un cidre un peu aigrelet rafraichissant mais spécial.

De retour au centre-ville, nous avons pu mieux profiter cette fois des rives du Main, la météo étant plus clémente que la veille. Bien qu’elle ne soit qu’un affluent du Rhin, la rivière est très large et c’est un axe de transport fluvial important qui relie Rhin et Danube.

En bombardant de photos la skyline nous avons commencé à apprendre à reconnaitre les différentes tours. La plus haute, un peu triangulaire est celle de la Commerzbank, la ronde avec une antenne est la tour du Main… Le Dom (la cathédrale en grès rose semble bien petite en comparaison.

Nous avons visité sur la rive gauche le plus prestigieux musée de la ville : le Städel museum, un très grand musée d’art aux collections variées. Il s’y tenait une exposition Rembrandt qui avait fait venir beaucoup d’œuvres des Pays-Bas.

A quelques blocs car presque tous les musées sont alignés sur la rive gauche du Main (Museums Ufer signifie rive des musées), nous sommes aussi allés au musée du cinéma. L’exposition du moment était sur les films catastrophes.

En fin d’après-midi, nous sommes retournés dans le quartier bancaire pour monter sur la plate-forme d’observation de la tour du Main. C’est le seul endroit où nous avons vraiment fait la queue. Covid oblige, les entrées se faisaient au compte-goutte. Mais l’attente en valait la peine, la vue est très impressionnante du sommet.

De retour au sol, nous avons marché de parc en parc jusqu’au quartier plus animé de la Berger Straße pour diner.

Le troisième jour, nous avons fait une excursion en dehors de la ville, dans les monts Taunus. Le réseau de transport est très bon jusque dans les villages au pied des montagnes avec un train par heure.

Nous avons fait un circuit passant par trois châteaux forts mais en cette fin octobre, seul celui de Königstein était ouvert à la visite. Nous avons surtout profité des immenses forêts de hêtres et de connifères qui ressemblent aux massifs voisins des Vosges ou de la Forêt Noire. Nous espérions voir les tours du centre-ville au loin mais ce jour-là le brouillard s’est accroché toute la journée dans la vallée et nous ne les avons que très brièvement aperçues.

En fin de journée seulement le ciel s’est dégagé, l’occasion d’enfin photographier sous une belle lumière, l’une des tours les plus emblématiques de la ville, à deux pas de notre hôtel, signalant le quartier des foires et salons, la Messeturm au sommet pyramidal caractéristique.

Le dernier jour de notre séjour, nous avons visité un musée plus méconnu mais passionnant, celui de la banque fédérale allemande. Un peu à l’écart, la ville est suffisamment verte pour qu’en revenir à pied en direction de l’université soit une balade agréable.

L’université Goethe est marquée par le gigantesque bâtiment qu’était le siège social du conglomérat chimique IG-Farben.

A proximité de l’université, nous sommes allé au jardin botanique, le Palmengarten, un des plus passionnant que j’ai pu voir malgré la saison avancée.

Enfin rive gauche, au bout d’une ligne de bus en bordure de forêt et ignorée des touristes et des guides touristiques, nous avons aussi grimpé la haute tour en bois Goetheturm pour un dernier coup d’œil à la skyline de Francfort avec les monts Taunus bien nets en arrière plan. Nous avons hésité à aller jusque là mais ça valait le déplacement.

Francfort depuis la Goetheturm, avec les monts Taunus en arrière plan

Quelques heures plus tard nous étions à nouveau dans le TGV jusque tard dans la nuit pour clore ces quatre jours bien remplis dans cette ville qui nous a laissé une impression très agréable.

Du Cantal au bassin toulousain

Dans cet article je relate la deuxième partie de notre voyage estival 2021. La première partie entre Paris et le Bourbonnais est ici.

Le petit interlude en train depuis Vichy nous a évité d’abondantes averses et nous a fait grimper, doucement mais sûrement, dans la vallée e l’Alagnon sur les flancs du Cantal. A Neussargues, nous avons déjeuner chez Betty, un café-restaurant qui avait tout l’air d’être une institution locale. Et c’est l’estomac bien rempli du couscous du mercredi et sur une route déjà sèche que nous avons terminé la courte montée pour arriver sur la Planèze.

Ce haut plateau volcanique qui s’étend entre le Plomb du Cantal et Saint-Flour est surprenamment plat et dépourvu d’arbres. Les prairies sont peuplées de Salers très curieuses comparées aux apathiques charolaises rencontrées plus au nord. Au bord du plateau, sous le joli château du Sailhant, nous avons laissé les vélos le temps d’un aller-retour à pied vers la cascade de Babory qui tombe dans un petit lac entouré d’orgues basaltiques.

L’étape était très courte, guère plus de 20km, et nous avons vite déposé nos affaires, vélos compris, à l’hôtel à Saint-Flour. L’après-midi a été ponctué de giboulées à l’ambiance tout sauf estivale. Nous les avons en partie esquivées en visitant le musée de la Haute-Auvergne, le musée Alfred Douet, deux églises transformées en galeries d’art et bien sûr la cathédrale à l’apparence trapue de l’extérieur mais vaste à l’intérieur. Rien que dans la ville haute, il y avait beaucoup à faire et la ville était bien plus animée que ce à quoi nous nous attendions. Il était presque difficile de trouver un restaurant qui ne soit pas plein le soir. Le centre-ville sur son promontoire est presque piétonnier mais la place d’armes est encore laissée à l’état de parking. A la nuit tombée, il y avait également une projection son et lumière sur la façade de la cathédrale. C’est la deuxième du genre que nous avons vu durant ce voyage après celle du château de Bourbon-l’Archambault.

Le lendemain, nous avons probablement roulé notre étape la plus sportive en termes de dénivelé mais dans des paysages spectaculaires. D’abord au loin, le viaduc de Garabit s’est montré trop timide pour être photographiable, mais le site d’Alleuze a mérité qu’on attende qu’une averse passe. Ce château sur un petit sommet d’une vallée très boisé, baignée par les eaux d’un lac de barrage aurait toute sa place en Écosse.

Un peu plus loin, nous avons traversé la Truyères au barrage de Grandval avant de commencer à grimper sur l’Aubrac… Mais il aurait été trop facile de monter d’une seule traite. Nous sommes redescendus pour un détour par Chaudes-Aigues et son robinet fumant à 82°C.

Après une longue montée par la vallée du Bès, nous nous sommes arrêtés comme les nombreux pèlerins de Saint-Jacques au village de Nasbinals. Au dessus du camping, une courte randonnée nous a mené à une vierge (Notre-Dame de la Sentinelle) et une table d’orientation embrassant tout le massif à 360°.

La nuit a été froide et venteuse et le matin plus que frais sous une grisaille persistante. Nous avons quitté le plateau au col de Bonnecombe (1340m environ, les panneaux ne sont pas tous d’accord sur le chiffre exact) pour descendre sur un versant sud bien plus boisé, notamment de luxuriantes châtaigneraies, jusqu’à la vallée du Lot à Saint-Laurent-d’Olt.

Il a fallu remonter presto sur le versant d’en face, pour arriver juste à temps avant la fermeture à la boulangerie de Campagnac chercher de la fouace. Nous avons pique-niqué, au pied de la jolie église romane de Canac.

Dans l’après-midi, nous avons grimpé jusqu’à la vierge de la Roque-d’Alzergues puis, par un col sans nom, nous avons atteint le village de Vimenet. Fief familial, c’est là que nous étions attendu pour un baptême le lendemain matin.

Nous avons passé quelques jours avec la famille de Julien, nous reposant mais enchainant quand même les petites boucles à vélo dans les environs de Sévérac-le-Château et même jusqu’au Point Sublime des Gorges du Tarn.

Après ces quelques jours de pause, nous avons repris la route avec Toulouse en ligne de mire mais un peu de marge pour ne pas prendre l’itinéraire le plus direct. Nous sommes d’abord descendu vers la vallée du Lot pour tester une petite voie verte locale méconnue, passant par Bozouls et Espalion par les tunnels et viaducs d’une ancienne voie ferrée. Le revêtement hélas très dégradé nous a contraint à descendre tout doucement.

Après de petites courses à Espalion, nous avons poussé jusqu’à Estaing pour pique-niquer. Les deux bourgades au bord du Lot sont particulièrement pittoresques.

En aval d’Estaing, la vallée du Lot se resserre et cette descente ombragée était fort plaisante car la chaleur commençait à devenir forte.

A Entraygues, nous avons aidé Nanie, une joueuse d’orgue de barbarie à déplacer son matériel dans le petit centre-ville qui s’animait tous les mardi soir en été. Ce fut également notre première nuit de camping où la chaleur est devenue désagréable. Cette fois pas de doute, nous sommes arrivés dans le sud, et nous pouvons placer une frontière au niveau de l’Aubrac.

Du coup le lendemain nous sommes partis très tôt, à la fraîche. Le début de journée toujours en descendant la vallée du Lot n’était en plus pas très fatiguant. Il y avait peu de village, seulement Vieillevie, membre de l’association des villages aux noms burlesques.

Au confluent avec le Dourdou, nous avons commencé à remonter cette nouvelle vallée, puis fait un détour très pentu à Conques pour profiter du panorama au dessus du village déjà grouillant de randonneurs. Ces ruelles en petits pavés étaient bien plus propices à la marche qu’au vélo et nous les avons longuement tenus à la main en traversant tout le bourg.

Nous avons continué à remonter la vallée du Dourdou jusqu’à arriver dans le vallon de Marcillac, aux constructions de grès rouge caractéristiques. Nous nous sommes arrêté pour déjeuner chez des membres de la famille avant de continuer à grimper sous la forte chaleur de l’après-midi dans les villages viticoles des environs : Valady et Clairvaux-d’Aveyron.

Après un col, non nommé mais particulièrement raide (sans doute le plus raide de tout le parcours), nous avons pu redescendre vers Belcastel. Ce plus beau village de France au bord de l’Aveyron est très pittoresque mais c’est surtout l’emplacement de son camping qui valait le détour, avec vu sur le château et le village et les pieds dans l’eau, car la baignade fût plus que bienvenue à l’arrivée.

Le jour suivant nous avons traversé le Segala, encore une région très vallonnée et écrasée de chaleur. Un peu plus bas en altitude que le Nord et l’Est de l’Aveyron, les prés étaient progressivement remplacés par les grandes cultures de maïs et de céréales. Après Najac (encore un « plus beau village de France ». 10 sur 164 sont en Aveyron) un orage nous a bien menacé quelques minutes mais pas vraiment assez pour rafraichir l’atmosphère pesante. La succession de bosses entre Najac et Varen nous ont fait beaucoup transpirer en début d’après-midi.

Une fois de retour au bord de l’Aveyron, l’itinéraire en fin de journée était beaucoup plus tranquille jusqu’à Saint-Antonin-Noble-Val. Les étroites ruelles médiévales du centre étaient parvenues à conserver un peu de fraîcheur. Le village, plus très loin de Montauban ou Toulouse attirait beaucoup de touristes en journée mais s’est plutôt vidé le soir.

Au matin, nous avons eu la « chance » d’avoir un ciel gris, presque un brouillard humide, qui nous a permis d’éviter une trop rapide montée des températures. Toutefois, après plusieurs nuits étouffantes, nous avions pris les devants et réservé un hôtel avec climatisation pour le soir. Quel luxe ! En tout nous aurons passé 4 nuits à l’hôtel pendant ce voyage, toujours avec une bonne raison météorologique.

Les gorges de l’Aveyron étaient balisées pour les cyclistes et l’itinéraire évitait la départementale pour privilégier une très jolie route de corniche sans trop de trafic. En sortant des gorges, nous avons rencontré les deux beaux villages fortifiés de Penne et Bruniquel (5ème et dernier plus beau village de France du parcours après les 4 aveyronnais : Estaing, Conques, Belcastel et Najac).

A partir de Montricoux, on peut dire que notre traversée du massif central était terminée, la large plaine agricole où se rencontrent l’Aveyron, le Tarn et la Garonne commençait. L’itinéraire cyclable de la vallée était encore parfaitement bien balisé jusqu’à la préfecture du Tarn-et-Garonne. Ce n’était pas une voie verte, mais une véloroute empruntant des axes à faible circulation. Les deux principales places de Montauban étaient hélas toutes les deux en travaux en même temps.

Après avoir traversé le Tarn, nous avons longé les canaux jusqu’à la fin de la journée, d’abord celui de Montech, puis le canal latéral à la Garonne. Ce dernier fait partie de la véloroute des deux mers et nous y avons croisé une foule de voyageurs à vélo comparé à n’importe quel autre endroit de notre parcours. Et tous les types de voyageurs étaient représentés, des familles, des couples de retraités, des jeunes en mode bikepacking (tout leur barda ficelé au cadre au lieu de dans des sacoches sur un porte bagage)…

Le jour suivant, nous n’avions qu’une quarantaine de kilomètres à parcourir avant d’arriver chez Michaël et sa famille. Du coup, en partant très tôt, il est carrément venu à notre rencontre à l’hôtel pour rouler cette étape avec nous.

Nous sommes passés par le grand marché de Grenade et avons traversé la forêt de Bouconne sur toute sa longueur. L’après-midi nous n’avons fait que regarder la température monter jusqu’à presque 37°C en restant bien cloitrés au frais à l’intérieur.

Notre voyage c’est à peu près achevé ici, à la vingtaine de kilomètres près qui nous séparait encore de Toulouse. Nous avons un peu profité de la famille à Fontenilles et des amis à Toulouse quelques jours avant de rentrer à Paris en train. Comme à l’accoutumée, les billets de train de retour étaient la seule chose réservée longtemps à l’avance dans ce voyage car les places pour vélos (non démontés) dans les trains sont toujours rares et prisées en été.


Pour finir, voila une petite carte synthétique de ces 3 semaines et demie de voyage :