Du Cantal au bassin toulousain

Dans cet article je relate la deuxième partie de notre voyage estival 2021. La première partie entre Paris et le Bourbonnais est ici.

Le petit interlude en train depuis Vichy nous a évité d’abondantes averses et nous a fait grimper, doucement mais sûrement, dans la vallée e l’Alagnon sur les flancs du Cantal. A Neussargues, nous avons déjeuner chez Betty, un café-restaurant qui avait tout l’air d’être une institution locale. Et c’est l’estomac bien rempli du couscous du mercredi et sur une route déjà sèche que nous avons terminé la courte montée pour arriver sur la Planèze.

Ce haut plateau volcanique qui s’étend entre le Plomb du Cantal et Saint-Flour est surprenamment plat et dépourvu d’arbres. Les prairies sont peuplées de Salers très curieuses comparées aux apathiques charolaises rencontrées plus au nord. Au bord du plateau, sous le joli château du Sailhant, nous avons laissé les vélos le temps d’un aller-retour à pied vers la cascade de Babory qui tombe dans un petit lac entouré d’orgues basaltiques.

L’étape était très courte, guère plus de 20km, et nous avons vite déposé nos affaires, vélos compris, à l’hôtel à Saint-Flour. L’après-midi a été ponctué de giboulées à l’ambiance tout sauf estivale. Nous les avons en partie esquivées en visitant le musée de la Haute-Auvergne, le musée Alfred Douet, deux églises transformées en galeries d’art et bien sûr la cathédrale à l’apparence trapue de l’extérieur mais vaste à l’intérieur. Rien que dans la ville haute, il y avait beaucoup à faire et la ville était bien plus animée que ce à quoi nous nous attendions. Il était presque difficile de trouver un restaurant qui ne soit pas plein le soir. Le centre-ville sur son promontoire est presque piétonnier mais la place d’armes est encore laissée à l’état de parking. A la nuit tombée, il y avait également une projection son et lumière sur la façade de la cathédrale. C’est la deuxième du genre que nous avons vu durant ce voyage après celle du château de Bourbon-l’Archambault.

Le lendemain, nous avons probablement roulé notre étape la plus sportive en termes de dénivelé mais dans des paysages spectaculaires. D’abord au loin, le viaduc de Garabit s’est montré trop timide pour être photographiable, mais le site d’Alleuze a mérité qu’on attende qu’une averse passe. Ce château sur un petit sommet d’une vallée très boisé, baignée par les eaux d’un lac de barrage aurait toute sa place en Écosse.

Un peu plus loin, nous avons traversé la Truyères au barrage de Grandval avant de commencer à grimper sur l’Aubrac… Mais il aurait été trop facile de monter d’une seule traite. Nous sommes redescendus pour un détour par Chaudes-Aigues et son robinet fumant à 82°C.

Après une longue montée par la vallée du Bès, nous nous sommes arrêtés comme les nombreux pèlerins de Saint-Jacques au village de Nasbinals. Au dessus du camping, une courte randonnée nous a mené à une vierge (Notre-Dame de la Sentinelle) et une table d’orientation embrassant tout le massif à 360°.

La nuit a été froide et venteuse et le matin plus que frais sous une grisaille persistante. Nous avons quitté le plateau au col de Bonnecombe (1340m environ, les panneaux ne sont pas tous d’accord sur le chiffre exact) pour descendre sur un versant sud bien plus boisé, notamment de luxuriantes châtaigneraies, jusqu’à la vallée du Lot à Saint-Laurent-d’Olt.

Il a fallu remonter presto sur le versant d’en face, pour arriver juste à temps avant la fermeture à la boulangerie de Campagnac chercher de la fouace. Nous avons pique-niqué, au pied de la jolie église romane de Canac.

Dans l’après-midi, nous avons grimpé jusqu’à la vierge de la Roque-d’Alzergues puis, par un col sans nom, nous avons atteint le village de Vimenet. Fief familial, c’est là que nous étions attendu pour un baptême le lendemain matin.

Nous avons passé quelques jours avec la famille de Julien, nous reposant mais enchainant quand même les petites boucles à vélo dans les environs de Sévérac-le-Château et même jusqu’au Point Sublime des Gorges du Tarn.

Après ces quelques jours de pause, nous avons repris la route avec Toulouse en ligne de mire mais un peu de marge pour ne pas prendre l’itinéraire le plus direct. Nous sommes d’abord descendu vers la vallée du Lot pour tester une petite voie verte locale méconnue, passant par Bozouls et Espalion par les tunnels et viaducs d’une ancienne voie ferrée. Le revêtement hélas très dégradé nous a contraint à descendre tout doucement.

Après de petites courses à Espalion, nous avons poussé jusqu’à Estaing pour pique-niquer. Les deux bourgades au bord du Lot sont particulièrement pittoresques.

En aval d’Estaing, la vallée du Lot se resserre et cette descente ombragée était fort plaisante car la chaleur commençait à devenir forte.

A Entraygues, nous avons aidé Nanie, une joueuse d’orgue de barbarie à déplacer son matériel dans le petit centre-ville qui s’animait tous les mardi soir en été. Ce fut également notre première nuit de camping où la chaleur est devenue désagréable. Cette fois pas de doute, nous sommes arrivés dans le sud, et nous pouvons placer une frontière au niveau de l’Aubrac.

Du coup le lendemain nous sommes partis très tôt, à la fraîche. Le début de journée toujours en descendant la vallée du Lot n’était en plus pas très fatiguant. Il y avait peu de village, seulement Vieillevie, membre de l’association des villages aux noms burlesques.

Au confluent avec le Dourdou, nous avons commencé à remonter cette nouvelle vallée, puis fait un détour très pentu à Conques pour profiter du panorama au dessus du village déjà grouillant de randonneurs. Ces ruelles en petits pavés étaient bien plus propices à la marche qu’au vélo et nous les avons longuement tenus à la main en traversant tout le bourg.

Nous avons continué à remonter la vallée du Dourdou jusqu’à arriver dans le vallon de Marcillac, aux constructions de grès rouge caractéristiques. Nous nous sommes arrêté pour déjeuner chez des membres de la famille avant de continuer à grimper sous la forte chaleur de l’après-midi dans les villages viticoles des environs : Valady et Clairvaux-d’Aveyron.

Après un col, non nommé mais particulièrement raide (sans doute le plus raide de tout le parcours), nous avons pu redescendre vers Belcastel. Ce plus beau village de France au bord de l’Aveyron est très pittoresque mais c’est surtout l’emplacement de son camping qui valait le détour, avec vu sur le château et le village et les pieds dans l’eau, car la baignade fût plus que bienvenue à l’arrivée.

Le jour suivant nous avons traversé le Segala, encore une région très vallonnée et écrasée de chaleur. Un peu plus bas en altitude que le Nord et l’Est de l’Aveyron, les prés étaient progressivement remplacés par les grandes cultures de maïs et de céréales. Après Najac (encore un « plus beau village de France ». 10 sur 164 sont en Aveyron) un orage nous a bien menacé quelques minutes mais pas vraiment assez pour rafraichir l’atmosphère pesante. La succession de bosses entre Najac et Varen nous ont fait beaucoup transpirer en début d’après-midi.

Une fois de retour au bord de l’Aveyron, l’itinéraire en fin de journée était beaucoup plus tranquille jusqu’à Saint-Antonin-Noble-Val. Les étroites ruelles médiévales du centre étaient parvenues à conserver un peu de fraîcheur. Le village, plus très loin de Montauban ou Toulouse attirait beaucoup de touristes en journée mais s’est plutôt vidé le soir.

Au matin, nous avons eu la « chance » d’avoir un ciel gris, presque un brouillard humide, qui nous a permis d’éviter une trop rapide montée des températures. Toutefois, après plusieurs nuits étouffantes, nous avions pris les devants et réservé un hôtel avec climatisation pour le soir. Quel luxe ! En tout nous aurons passé 4 nuits à l’hôtel pendant ce voyage, toujours avec une bonne raison météorologique.

Les gorges de l’Aveyron étaient balisées pour les cyclistes et l’itinéraire évitait la départementale pour privilégier une très jolie route de corniche sans trop de trafic. En sortant des gorges, nous avons rencontré les deux beaux villages fortifiés de Penne et Bruniquel (5ème et dernier plus beau village de France du parcours après les 4 aveyronnais : Estaing, Conques, Belcastel et Najac).

A partir de Montricoux, on peut dire que notre traversée du massif central était terminée, la large plaine agricole où se rencontrent l’Aveyron, le Tarn et la Garonne commençait. L’itinéraire cyclable de la vallée était encore parfaitement bien balisé jusqu’à la préfecture du Tarn-et-Garonne. Ce n’était pas une voie verte, mais une véloroute empruntant des axes à faible circulation. Les deux principales places de Montauban étaient hélas toutes les deux en travaux en même temps.

Après avoir traversé le Tarn, nous avons longé les canaux jusqu’à la fin de la journée, d’abord celui de Montech, puis le canal latéral à la Garonne. Ce dernier fait partie de la véloroute des deux mers et nous y avons croisé une foule de voyageurs à vélo comparé à n’importe quel autre endroit de notre parcours. Et tous les types de voyageurs étaient représentés, des familles, des couples de retraités, des jeunes en mode bikepacking (tout leur barda ficelé au cadre au lieu de dans des sacoches sur un porte bagage)…

Le jour suivant, nous n’avions qu’une quarantaine de kilomètres à parcourir avant d’arriver chez Michaël et sa famille. Du coup, en partant très tôt, il est carrément venu à notre rencontre à l’hôtel pour rouler cette étape avec nous.

Nous sommes passés par le grand marché de Grenade et avons traversé la forêt de Bouconne sur toute sa longueur. L’après-midi nous n’avons fait que regarder la température monter jusqu’à presque 37°C en restant bien cloitrés au frais à l’intérieur.

Notre voyage c’est à peu près achevé ici, à la vingtaine de kilomètres près qui nous séparait encore de Toulouse. Nous avons un peu profité de la famille à Fontenilles et des amis à Toulouse quelques jours avant de rentrer à Paris en train. Comme à l’accoutumée, les billets de train de retour étaient la seule chose réservée longtemps à l’avance dans ce voyage car les places pour vélos (non démontés) dans les trains sont toujours rares et prisées en été.


Pour finir, voila une petite carte synthétique de ces 3 semaines et demie de voyage :