Au printemps 2014, en rentrant de Bordeaux, je me suis arrêté aux alentours d’Angoulême et j’ai oublié mon matelas de camping chez les couchsurfeurs qui m’hébergeaient. Et voila donc plus de 2 ans que je n’avais pas profité de cette excuse pour retourner les voir. Du coup j’ai planifié une petite boucle dans les environs sur un week-end de 3 jours.
Dimitri, Mathilde et leurs enfants habitent dans un petit village à une bonne vingtaine de kilomètres de la gare d’Angoulême : Magnac-Lavalette, enroulé autour d’une petite colline boisée flanquée sur un côté d’un énorme château avec de grandes colonnades.
Benoit, venant de Paris par le train également, nous a rejoint pour le repas 2h après mon arrivée. Nous avons eu droit à une délicieuse pizza maison et à dormir dans le van qui faisait office de chambre d’amis.
Le lendemain matin nous sommes partis en direction de Villebois-Lavalette. Le village est serré autour de sa vieille halle et blotti sous les remparts de son château dont nous avons fait le tour.
Toujours continuant vers le sud-est, nous avons dévalé puis regrimpé moult petites bosses, traversant de petits villages et passant quelques ruines comme à La Tour Blanche. Mais l’itinéraire a commencé a être vraiment intéressant seulement une fois arrivé dans la vallée de la Dronne, notamment au magnifique village de Bourdeilles.
Plus loin nous sommes passés sous de jolies petites falaises puis nous sommes arrivés à Brantôme. Le vendredi c’était jour de marché et la ville déjà d’ordinaire très touristique était noyée dans la foule. Nous y avons fait les courses mais je n’ai pas vraiment apprécié la « Venise du Périgord ».
Nous sommes sortis de la ville par une quinzaine de kilomètres d’une départementale un peu chargée et surtout, comme l’a remarqué Benoit, aux bas-côtés parsemés de plats à tarte en aluminium. En ville nous avions bien vu qu’une des spécialités locales était la tarte aux noix, vendue dans ce genre de moule.
Beaucoup plus calme et pittoresque que sa voisine, nous avons pique-niqué à St-Jean-de-Côle. Le village au bord d’une rivière est centré sur un ancien prieuré et un château.
Après nous être rassasié, nous sommes montés en direction de Thiviers par une petite portion de voie verte, puis nous sommes redescendus dans la vallée de l’Isle pour prendre à nouveau un chemin d’un ancien « tacot » et enfin une belle route en fond de vallée qui nous a mené jusqu’à Jumilhac-le-Grand. Nous y avons trouvé un magnifique château, presque l’image parfaite du château périgourdin tel qu’on se l’imagine. Toute cette partie nord de la Dordogne est appelée Périgord Vert.
La dernière partie de la journée, nous avons roulé dans les monts du Limousin. Le ciel était bien chargé et l’atmosphère lourde mais les routes agréables entre forêts et étangs. Nous avons passé une dernière ruine de château à Rilhac-Lastours.
Nous avons campé dans un camping un peu avant Nexon et la pluie s’est mise à tomber pendant que nous montions les tentes. Mais le camping était particulièrement peu cher et avec des abris pour manger, bref parfait pour des cyclotouristes avec 130km dans les pattes.
Le lendemain la météo était encore un peu hésitante le long de la route très accidentée qui nous a conduit jusqu’à Limoges.
La capitale Limousine n’a pas un charme fou. Le vieux pont de pierre pour traverser la Vienne, débouche sur une 2×2 voies là où on s’attendrait à pénétrer dans le centre-ville. La cathédrale est austère. Seule la gare sort du lot avec son campanile et sa grande coupole. Elle est d’ailleurs régulièrement dans les listes des plus belles gares de France (récemment par Olivier Razemon).
Nous avons rejoint Audrey chez ses amis et après un rapide café et quelques courses nous avons repris la route tous les 3. La sortie de la ville nous a offert une bonne montée jusqu’aux environs de l’aéroport mais le relief était beaucoup plus calme ensuite.
À Veyrac nous sommes passé près du pont colombier peu mis en valeur bien qu’il soit probablement unique en France (un pont surmonté d’un colombier).
Mais la principale visite de la matinée a été le village martyr d’Oradour sur Glane. Un village incendié et dont la population a été massacrée par les nazis en 1944 (642 habitants) et qu’il a été décidé de conserver en l’état, en ruine. C’est le principal site visité de la région, nous n’étions pas tout seul, mais ça n’en diminue pas la forte impression que laisse le lieu.
L’église est le seul bâtiment resté debout.
Presque toutes les maisons de la rue principale sont des commerces, cafés, boulangers, bouchers, coiffeurs, garagistes…
Le long de la grande rue, il reste le seul vestige du tram des chemins de fer de la Haute-Vienne.
Après une heure sur le site, nous avons repris les vélos auxquels manquait la pompe de Benoit. Ces vols sur les parkings n’incitent pas vraiment à faire du tourisme à vélo, en tout cas en France.
Nous avons roulé jusqu’à St-Junien pour pique-niquer au bord de la Vienne. La ville n’est pas vilaine avec son église ocre et sa salle des fêtes démesurée.
La Vienne était sombre, n’incitant pas à la baignade. il faut dire que la vallée est pleine d’industrie, notamment papetière, qui pollue encore beaucoup.
Après avoir traversé puis longé un peu la Vienne, nous sommes montés en direction de Rochechouart, petite sous-préfecture isolée à l’écart des grands axes. Nous avons trouvé une petite ville étonnamment animée et très jolie. Son église possède un curieux clocher tors comme à Puiseaux dans le Gâtinais.
L’éperon rocheux sur lequel est situé la petite ville est dominé par un imposant château.
Le monuments et les affleurements rocheux des environs sont une curiosité géologique. Les nombreuses rues de la météorite ou encore pharmacies de la comète en sont une autre trace. Une météorite est tombée ici il y a 200 millions d’années, il n’en reste pas de trace visible dans le paysage (pas de cratère) mais uniquement dans le sous-sol. C’est l’astroblème de Rochechouart.
La fin de la journée s’est déroulée sur une jolie petite route bordée de fougères jusqu’aux lacs de Haute-Charente à Pressignac.
C’était la fin de saison au camping des lacs, il n’y avait presque plus que nous malgré des installations démesurées, notamment un bar et une piscine pour bien terminer la journée.
Le lendemain, 3ème et dernier jour, nous avons commencé par tourner autour des 2 lacs de Haute-Charente.
Puis nous avons rejoins une véloroute balisée (apparemment un morceau de l’Eurovélo 3 entre Confolens et Marthon) qui nous a fait traverser une région bien reculée à la limite entre Dordogne et Charente. À Feuillade nous l’avons quitté pour la coulée d’Oc, une ancienne voie ferrée reconvertie en voie verte sur une vingtaine de kilomètres.
Dommage que la voie verte s’arrête à une dizaine de kilomètres d’Angoulême. Le balisage continuait mais nous avons fini par le perdre dans la banlieue de la capitale Charentaise. Heureusement qu’un dimanche d’août après-midi le trafic était faible.
Nous avons bien eu le temps de flâner en ville, plus de 3h avant notre train de retour pour Paris. Nous avons fait le tour de la ville haute et mangé d’excellentes glaces. La ville a des allures bourgeoises à cause de ses maisons en pierre mais un peu laissées à l’abandon. Tout une partie du centre connaît un début de restauration.
Surtout Angoulême est la capitale française de la BD. Ça se voit à tous ses noms de rue dans des bulles, sa rue principale avec un buste d’Hergé, les nombreuses fresques et son musée.
Nous étions dans 2 rames de TGV séparées pour le retour, et nos chemins depuis la gare Montparnasse se sont séparés immédiatement vers 3 points cardinaux différents. C’était un jolie balade de fin d’été aux confins du Périgord, du Limousin et de la Charente. En voici le parcours (320km en tout) : http://www.openrunner.com/index.php?id=6501343
PS : et le principal, j’ai récupéré mon matelas !